vendredi 20 octobre 2017

Le projet gouvernemental de relance de la production agricole en Haïti fait des sceptiques

Plus d’une vingtaine d’organisations et d’institutions d’accompagnement [1] se montrent très sceptiques quant aux orientations envisagées par l’administration Moise/Lafontant pour relancer la production agricole en Haïti.
Le président Jovenel Moïse a beaucoup parlé d’agriculture, mais pas des agricultrices et agriculteurs. Pourtant, aucun développement agricole n’est possible sans la participation des principales actrices et principaux acteurs, qui sont les paysannes et paysans, soulignent-elles, dans un document transmis à l’agence en ligne AlterPresse.
Ce document de réflexions, propositions et recommandations est rendu public dans le cadre de journées spéciales relatives à l’agriculture : 15 octobre, journée nationale des femmes paysannes ; 16 octobre, journée mondiale de l’alimentation ; 17 octobre, journée mondiale du refus de la misère
La vision du gouvernement n’est pas claire par rapport à l’agriculture, qu’il voudrait appuyer. Rien n’est dit à propos des terres, situées en montagne, qui représentent 70% de la superficie du pays et sur lesquelles travaillent la majorité des paysannes et paysans, relèvent-elles.
Le gouvernement réquisitionne et mobilise beaucoup de tracteurs, une lourde machinerie pour curer des canaux de drainage dans l’Artibonite. Cependant, ces actions ne font partie d’aucune stratégie déclarée d’une politique globale pour l’agriculture, fustigent-elles, en rapport au projet de « Caravane du changement », initié par l’Exécutif, le 1er mai 2017, dans le département de l’Artibonite.Ce que le gouvernement prétend faire dans les plaines n’est pas articulé avec la réalité en montagne, où les paysannes et paysans travaillent avec les moyens du bord, constatent ces organisations et institutions d’accompagnement.
Elles appellent le gouvernement à adopter une position claire, en précisant quel type d’agriculture il voudrait promouvoir, et à utiliser le peu de ressources, dont dispose le pays, pour renforcer l’agriculture familiale paysanne, base du système agricole en Haïti.
L’agriculture familiale paysanne en Haïti est une agriculture très diversifiée, qui prépare différents types de produits. Elle est organique, dans la mesure où la majorité des agricultrices et agriculteurs font peu usage de produits chimiques, qui peuvent être nuisibles à la santé humaine, font-elles valoir.
L’agriculture familiale paysanne en Haïti se fait sur une multitude de petites exploitations, dans la plupart des cas sans encadrement technique, sans outils adaptés et sans appuis financiers. Elle demeure la principale source de revenus pour presque toutes les familles paysannes..Principale pourvoyeuse d’emplois dans le pays, l’agriculture familiale paysanne satisfait à 40% les besoins alimentaires de la population et représente 23% du Produit intérieur brut (Pib), avancent-elles.
Toute politique agricole pertinente en Haïti doit d’abord encourager l’agriculture familiale paysanne, aider les paysannes et paysans, des mornes et des plaines, à améliorer leurs exploitations agricoles (leurs jardins), à recevoir les encadrements appropriés, à remembrer et disposer de plus de terres pour travailler, en vue d’une meilleure utilisation, préconisent ces organisations et institutions d’accompagnement
Cette politique agricole pertinente devrait aussi intégrer les services de base aux paysannes et paysans, comme la disponibilité, dans le milieu rural, d’écoles de qualité, de centres de santé bien pourvus en ressources humaines, l’accès à des moyens financiers et matériels adéquats, la construction de systèmes d’adduction d’eau potable, de routes pour pouvoir acheminer les vivres et les denrées dans les marchés.
Une telle politique, axée sur les besoins réels de la paysannerie et du pays, en général favorisera, selon ces organisations et institutions d’accompagnement, une certaine stabilisation des paysannes et paysans, qui seront encouragés à rester chez elles et chez eux, au lieu de s’empresser à rejoindre les bidonvilles ou de tenter l’aventure de la migration en République Dominicaine ou ailleurs.Une véritable politique agricole doit contribuer à renforcer la souveraineté alimentaire nationale d’Haïti, encourager la protection environnementale et améliorer les conditions de vie de la paysannerie, estiment-elles. [la emb rc apr 18/10/2017 13:10]
[1] Les organisations et institutions d’accompagnement, signataires du document, sont :
Tèt kole ti peyizan ayisyen,
Altènativ aksyon vèt,
Kowòdinasyon rara nan Sid (Korasid)
Institut de technologie et d’animation (Iteca)
Plateforme d’agroécologie et de développement durable (Paded)
Institut de recherche et d’appui technique en aménagement du milieu (Iratam)
Commission épiscopale (catholique romaine) justice et paix (Jilap)
Plateforme des organisations haïtiennes des droits humains (Pohdh)
Groupe de recherche et d’appui au milieu rural (Gramir)
Konbit pou ranfose aksyon lakay (Koral)
Sany pou kilti ak devlopman Karis (Skdk)
Konsèy nasyonal finansman popilè (Knfp)
Groupe d’appui au développement rural (Gadru national)
Adruh
Acape
Odsh
Veterimed
Concert-Action
Caritas
Cheidad.
Encadrement des petits paysans des mornes et des plaines d’Haïti (Eppmph)
Prese swen tè nou (Presten)
Petits Frères de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (Pfst)
Graal

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