vendredi 20 octobre 2017

Haïti-Agriculture : Remise de certificats en production agricole à 75 femmes et 4 autres récipiendaires

Saint-Michel de Lattalaye (Haïti), 16 oct. 2017 [AlterPresse] --- 75 femmes et 4 autres récipiendaires ont reçu, le dimanche 15 octobre 2017, leurs certificats en technique de production agricole biologique, dans la commune de Saint-Michel de Lattalaye (Artibonite, Nord), à l’occasion de la journée mondiale des femmes rurales, a observé l’agence en ligne AlterPresse.
Accompagnées de leurs enfants, pour la plupart, les femmes récipiendaires n’ont pas caché leur émotion, après les 4 mois de formation.
« Première promotion de la ferme agricole féministe Délicia Jean », une militante féministe, décédée le 9 avril 2006, pouvait-on lire sur leurs maillots de couleur verte.
Le sourire de Nathalie Louis Jeune, la chargée de programme de Solidarite fanm ayisyèn (Sofa) à Saint-Michel de l’Attalaye, en dit long sur son sentiment de satisfaction, lors de la remise des certificats.
« Cette formation permettra aux femmes de devenir plus performantes, en pratiquant l’agriculture biologique, mais aussi de changer leurs conditions de vie », fait valoir la coordonnatrice de Sofa, Marie Evelyne Larrieux.
La Sofa souhaite également que les femmes paysannes puissent faire face à leurs responsabilités, en ce qui concerne la santé, la nourriture et l’écolage de leurs enfants.
« L’apport des femmes rurales devient d’autant plus important, face aux phénomènes des changements climatiques, notamment la hausse des températures et les catastrophes naturelles », souligne, pour sa part la représentante de l’agence sur les femmes au sein de l’Organisation des Nations unies (Onu femmes) en Haïti, Nadège Beauvil.Beaucoup plus d’opportunités doivent être offertes aux femmes, pour qu’elles puissent se défendre face aux difficultés de la vie, plaide Ou-femmes/Haïti.
La représentante de l’Institut national de formation professionnelle (Infp), Marie Lise Boursiquot, encourage un travail de prospection, dans les zones de Saint Michel de Lattalaye, afin de mieux orienter la formation des jeunes à partir des potentialités des différentes zones à Saint-Michel de l’Attalaye.
L’Infp invite les récipiendaires à se lancer dans cette aventure professionnelle, « avec confiance », pour mener, « avec intelligence et courage », le combat, qui les attend dans la vie et dans le monde agricole.
Les femmes rurales sont reléguées en second plan, par rapport aux hommes, alors que ce sont elles qui cultivent la terre et assurent la sécurité alimentaire dans les communautés, déplore l’ingénieur-agronome Carmel André Béliard, titulaire du Ministère de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (Marndr).
« Des démarches seront entreprises afin de favoriser l’accès des femmes au crédit, de leur apporter de l’encadrement et des semences, dans la perspective de leur participation à tous les cycles de filières, qui seront développées sur 10 hectares de terre », mises à disposition de Sofa, annonce le Marndr.
En ce sens, un protocole d’accord a été signé entre le Mardnr et la Sofa, afin d’accompagner cette organisation de promotion et de défense des droits des femmes, dans les luttes pour l’éradication de la pauvreté et l’amélioration de la sécurité alimentaire.Cette cérémonie de remise de parchemins à 75 femmes et 4 autres récipiendaires, le dimanche 15 octobre 2017, à Saint-Michel de l’Attalaye, a été animée par Vodoula, un groupe de quinze femmes, réunies pour valoriser l’identité culturelle haïtienne, notamment le rythme de musique connu sous le nom de rasin (rythme issu du terroir national)
Globalement, la Sofa entend outiller plus de 240 paysannes, sur les techniques de production agricole biologique, en vue de susciter leur autonomie.
La Sofa souhaite organiser des sessions de formation au profit de ces 240 femmes, durant les deux premières années d’existence de la ferme agricole, initiée au mois de janvier 2017 et qui porte le nom de la militante féministe haïtienne décédée Délicia Jean.
Dans cette lancée, des actions de plaidoyer seront conduites sur la problématique de la terre, afin d’améliorer la position des femmes dans l’agriculture.
La journée internationale de la femme rurale, le 15 octobre, s’est déroulée, cette année 2017, autour du thème : « défis et opportunités de l’agriculture résiliente, face au climat, pour l’égalité des sexes dans l’autonomisation des femmes et des filles rurales »

Le projet gouvernemental de relance de la production agricole en Haïti fait des sceptiques

Plus d’une vingtaine d’organisations et d’institutions d’accompagnement [1] se montrent très sceptiques quant aux orientations envisagées par l’administration Moise/Lafontant pour relancer la production agricole en Haïti.
Le président Jovenel Moïse a beaucoup parlé d’agriculture, mais pas des agricultrices et agriculteurs. Pourtant, aucun développement agricole n’est possible sans la participation des principales actrices et principaux acteurs, qui sont les paysannes et paysans, soulignent-elles, dans un document transmis à l’agence en ligne AlterPresse.
Ce document de réflexions, propositions et recommandations est rendu public dans le cadre de journées spéciales relatives à l’agriculture : 15 octobre, journée nationale des femmes paysannes ; 16 octobre, journée mondiale de l’alimentation ; 17 octobre, journée mondiale du refus de la misère
La vision du gouvernement n’est pas claire par rapport à l’agriculture, qu’il voudrait appuyer. Rien n’est dit à propos des terres, situées en montagne, qui représentent 70% de la superficie du pays et sur lesquelles travaillent la majorité des paysannes et paysans, relèvent-elles.
Le gouvernement réquisitionne et mobilise beaucoup de tracteurs, une lourde machinerie pour curer des canaux de drainage dans l’Artibonite. Cependant, ces actions ne font partie d’aucune stratégie déclarée d’une politique globale pour l’agriculture, fustigent-elles, en rapport au projet de « Caravane du changement », initié par l’Exécutif, le 1er mai 2017, dans le département de l’Artibonite.Ce que le gouvernement prétend faire dans les plaines n’est pas articulé avec la réalité en montagne, où les paysannes et paysans travaillent avec les moyens du bord, constatent ces organisations et institutions d’accompagnement.
Elles appellent le gouvernement à adopter une position claire, en précisant quel type d’agriculture il voudrait promouvoir, et à utiliser le peu de ressources, dont dispose le pays, pour renforcer l’agriculture familiale paysanne, base du système agricole en Haïti.
L’agriculture familiale paysanne en Haïti est une agriculture très diversifiée, qui prépare différents types de produits. Elle est organique, dans la mesure où la majorité des agricultrices et agriculteurs font peu usage de produits chimiques, qui peuvent être nuisibles à la santé humaine, font-elles valoir.
L’agriculture familiale paysanne en Haïti se fait sur une multitude de petites exploitations, dans la plupart des cas sans encadrement technique, sans outils adaptés et sans appuis financiers. Elle demeure la principale source de revenus pour presque toutes les familles paysannes..Principale pourvoyeuse d’emplois dans le pays, l’agriculture familiale paysanne satisfait à 40% les besoins alimentaires de la population et représente 23% du Produit intérieur brut (Pib), avancent-elles.
Toute politique agricole pertinente en Haïti doit d’abord encourager l’agriculture familiale paysanne, aider les paysannes et paysans, des mornes et des plaines, à améliorer leurs exploitations agricoles (leurs jardins), à recevoir les encadrements appropriés, à remembrer et disposer de plus de terres pour travailler, en vue d’une meilleure utilisation, préconisent ces organisations et institutions d’accompagnement
Cette politique agricole pertinente devrait aussi intégrer les services de base aux paysannes et paysans, comme la disponibilité, dans le milieu rural, d’écoles de qualité, de centres de santé bien pourvus en ressources humaines, l’accès à des moyens financiers et matériels adéquats, la construction de systèmes d’adduction d’eau potable, de routes pour pouvoir acheminer les vivres et les denrées dans les marchés.
Une telle politique, axée sur les besoins réels de la paysannerie et du pays, en général favorisera, selon ces organisations et institutions d’accompagnement, une certaine stabilisation des paysannes et paysans, qui seront encouragés à rester chez elles et chez eux, au lieu de s’empresser à rejoindre les bidonvilles ou de tenter l’aventure de la migration en République Dominicaine ou ailleurs.Une véritable politique agricole doit contribuer à renforcer la souveraineté alimentaire nationale d’Haïti, encourager la protection environnementale et améliorer les conditions de vie de la paysannerie, estiment-elles. [la emb rc apr 18/10/2017 13:10]
[1] Les organisations et institutions d’accompagnement, signataires du document, sont :
Tèt kole ti peyizan ayisyen,
Altènativ aksyon vèt,
Kowòdinasyon rara nan Sid (Korasid)
Institut de technologie et d’animation (Iteca)
Plateforme d’agroécologie et de développement durable (Paded)
Institut de recherche et d’appui technique en aménagement du milieu (Iratam)
Commission épiscopale (catholique romaine) justice et paix (Jilap)
Plateforme des organisations haïtiennes des droits humains (Pohdh)
Groupe de recherche et d’appui au milieu rural (Gramir)
Konbit pou ranfose aksyon lakay (Koral)
Sany pou kilti ak devlopman Karis (Skdk)
Konsèy nasyonal finansman popilè (Knfp)
Groupe d’appui au développement rural (Gadru national)
Adruh
Acape
Odsh
Veterimed
Concert-Action
Caritas
Cheidad.
Encadrement des petits paysans des mornes et des plaines d’Haïti (Eppmph)
Prese swen tè nou (Presten)
Petits Frères de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (Pfst)
Graal

mardi 17 octobre 2017

Haïti parmi les pays où la nourriture quotidienne coûte très chère

Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a enquêté sur le coût d’un repas à travers le monde.
Pour les êtres humains, manger n’est pas une option mais une obligation pour rester en vie. Mais la nourriture a un coût. Et la question se pose de savoir dans quel pays trouve-t-on le repas le plus coûteux ? Dans une étude, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a mis en évidence le Counting the Beans (compter les haricots) qui est un indice mondial pour déterminer le coût relatif de la nourriture, dans différents pays, par rapport à une base de référence unique.
À leur grand étonnement, les économistes et statisticiens ont découvert que le coût pour se nourrir est « modéré » dans les pays les plus développés comme les Etats-Unis, la France, le Japon, la Suisse, alors qu’il est souvent « exorbitant » dans les pays les plus pauvres.
Parmi les 33 pays concernés par cette étude, Haïti se trouve en 5èmeposition avec un coût de $72,65.  Les données de ce graphe l’illustrent clairement :

Agriculture : le bio pourra-t-il un jour nourrir la planète ?

ENQUÊTE - L'intérêt des consommateurs et les bienfaits écologiques favorisent le développement du bio. Cette approche ne permettra pas de nourrir 10 milliards de personnes en 2050. L'avenir passera par l'agriculture raisonnée.
Manger des aliments sains, ayant du goût et produits le plus naturellement possible, est devenue l'une des préoccupations majeures des populations des pays riches. Près des 90 % de la consommation mondiale de produits bio se situe en Amérique du Nord et en Europe. Les États-Unis à eux seuls représentent aujourd'hui le premier marché du bio au monde avec 34 milliards d'euros, l'Allemagne le deuxième (9,5 milliards d'euros) et la France se classe au troisième rang (7,1 milliards d'euros). Apparu dans les années 1960 à contre-courant de l'agriculture intensive et productiviste de l'époque qui devait tout régler, le phénomène du bio est de moins en moins marginal aujourd'hui. En quinze ans, le marché alimentaire bio mondial a été plus que multiplié par cinq, atteignant 68 milliards d'euros en 2014. La surface mondiale cultivée selon le mode biologique a été multipliée par 2,8. Même le président de la République, Emmanuel Macron, à travers les États généraux de l'alimentation (EGA) qui réunit tous les acteurs de la filière alimentaire - producteurs, transformateurs, distributeurs et consommateurs -, veut une agriculture plus propre et une alimentation plus sûre en France. La deuxième partie des EGA, qui a commencé début octobre, sera uniquement consacrée aux pratiques agricoles alternatives, aux circuits courts et à la réduction des pesticides. L'objectif du chef de l'État étant que d'ici à 2022, la restauration collective serve au moins 50 % d'aliments estampillés biologiques, ou affichant un label ...