Des champs de mandariniers bien pourvus sont l’une des images qui marquent souvent les visiteurs de La Vallée de Jacmel. Cette commune située à une trentaine de kilomètres (km) de la ville de Jacmel est réputée pour son climat frais, mais aussi pour ses récoltes abondantes de fruits, de maraîchers et de vivres alimentaires. Mais, depuis plusieurs années, la production agricole a considérablement chuté à en croire le maire principal de la commune, Marie Yolaine Philippeaux Scut qui plaide en faveur de l’intervention du pouvoir central pour arrêter l’hémorragie.
Lors de sa participation au programme radiophonique « Allo Agro » de l’agronome Talot Bertrand, Mme Scut a attiré l’attention sur l’agonie de l’agriculture dans sa commune où la terre représentait pourtant la principale source de revenus. Les mandarines succulentes qui sont la spécialité de ce coin du Sud’Est se font de plus en plus rares. Dans la première section, Muzac, où cette filière était plus développée, les citrus sont frappés par une maladie depuis tantôt quatre ans. Il en résulte une baisse considérable dans les moissons, « un coup dur pour l’économie paysanne ».
Plusieurs filières connaissent un déclin
L’édile de La Vallée de Jacmel réclame une intervention du ministère de l’Agriculture face au constat accablant de la baisse de la production agricole dans sa commune. « Nous remarquons que plusieurs filières sont affectées à côté du citrus. Le petit-mil et les cocotiers sont également attaqués », dit-elle. La mairesse dit croire que des recherches sont nécessaires afin que les causes puissent être identifiées, se questionnant déjà sur la fertilité des terres.
La culture du piment n’est plus aussi rentable qu’elle l’était avant. Dans la troisième section de la Vallée de Jacmel, Morne à Brûler, les agriculteurs font face à d’importantes pertes dans leurs récoltes. De nombreuses gousses creuses ou atteintes de vers parasites ne peuvent être commercialisées, témoigne un paysan qui intervenait à Allo Agro.
La fermeture de plusieurs bureaux agricoles communaux constitue un fait malheureux pour les paysans à l’échelle du pays. En effet, le manque de moyens financiers et l’absence d’une ligne directrice en termes de politique agricole sont des facteurs qui expliquent la disparition progressive de plusieurs filières. Faisant face à des défis divers dont ils ne maitrisent pas toujours les particularités, les agriculteurs restent souvent impuissants face à la perte de leurs denrées alors que la République dominicaine ne cesse de déverser sur Haïti des tonnes de produits agricoles. Le ministère de l’Agriculture ne donne pas l’impression de connaître les nombreuses préoccupations exprimées un peu partout dans le pays.
Les autorités locales sont impuissantes
Selon l’explication fournie sur une base empirique, les citrus seraient affectés par un insecte qui fait répandre « une bactérie » très dangereuse. Le problème ne se poserait pas seulement en Haïti, ajoute le maire. Une étude sollicitée par l’administration municipale a pu confirmer cette thèse en présentant des pistes de solution pour aider à sauver ce qui peut l’être, dit Mme Scut. Des représentants du ministère de l’Agriculture ont assisté à la séance de restitution de la recherche.
Les solutions envisagées paraissent coûteuses et par conséquent inaccessibles à la population locale. Le scénario le plus radical consisterait à faire le deuil de cette filière (la mandarine) tout en faisant la promotion d’une nouvelle denrée. Une autre méthode d’exploitation agricole, à savoir la culture sous serre, pourrait également constituer une alternative, mais elle est trop ambitieuse et se révèle inappropriée aux conditions des agriculteurs qui ne labourent que de petites parcelles.
Source: Le national
Allo Agro